Le petit casier
J’avais fait les magasins, et puis une longue promenade dans la montagne : c’était peut-être un après-midi chargé de nuages gris, pas très appétissants.
Je suis rentrée fatiguée et j’ai pris un goûter devant un film.
Je n’étais pas désespérée, voyez-vous, je sais que ce serait plus correct pour tout le monde, cela ferait bien plaisir à quelques uns, mais je ne me lasse pas d’espérer.
Sur cette conclusion de ma journée, je me suis mise à méditer, la tête très vide.
Et entre ma télé et moi, un autre horizon s’est ouvert : lumineux et clair sentier, portail ouvragé donnant sur une lumière éblouissante.
Dans cette fin d’après-midi tranquille, mon cœur était transporté vers le cœur-jardin de Gaîa.
L’occasion d’une grande joie partagée entre ce peuple avenant et ma minuscule banalité.
Ils ne sont pas plus grands que nous ; ils sont plus reliés entre eux et conscients de participer à l’univers. Conscients des différentes dimensions qui cohabitent, et gardiens de la bibliothèque. Ces êtres joueurs et légers sont empathiques. Leur verticalité s’élance vers le ciel sans la limite psychique que nous connaissons, au centre de Gaîa la voie lactée est à portée de main et s’étire en liberté.
Ils vivent l’inter dimensionnalité depuis l’enfance. Ils restent enfants longtemps et leurs initiations ne se basent pas sur la souffrance ou le sacrifice mais la notion de Service dévoué. Cette nuance ajoute une grandeur et une douceur marquées et marquantes.
Nos esprits ne sont pas différents, mais à la surface nous grandissons par la douleur que nous nous infligeons les uns aux autres, tandis qu’eux se laissent aimer et accompagnés vers la maturité, lorsqu’ils sont assez forts et confiants, ils reçoivent une part de responsabilité et d’autonomie correspondante au besoin d’expression de leur rayonnement naturel, sans tirer sur leurs forces, sans être brusqués.
Il existe des rivalités et même de la compétition avant de devenir des adultes, pour se mesurer les uns aux autres et renforcer la volonté mais il ne s’agit pas de lutter pour prendre une place de leader : les leaders ne sont pas les plus forts, ni les plus rayonnants, ce sont ceux qui sont aptes à écouter les subtilités du rayonnement des autres, ceux qui peuvent élaborer des décisions en accord sur le plus grand nombre de points communs.
L’analyse des besoins d’autrui, l’empathie et la Mathématique (utile pour créer les symboles, voyager dans l’univers et créer des routes d’avenir) sont les points les plus importants.
Le respect des cycles qu’ils soient personnels, planétaires, solaires, galactiques est également primordial.
J’avais eu hâte d’être invitée dans le Cœur Sacré et je me sentais profondément honorée que cela soit finalement.
Toutes les âmes nées de Gaïa lui sont connues par le nom
qu’Elle leur a Elle-même donné. Chaque personne est attachée à la mémoire de sa Mère planète par l’arbre familial qui regroupe les âmes par leur fonction. Cet arbre familial est le représentant
d’un territoire terrestre dont il est le gardien. Chaque âme née de Gaïa rejoint d’abord l’âme de son groupe puis le Jardin Sacré si son cœur est pur. Les âmes souillées de culpabilité étaient
jadis chassées du territoire et se retrouvaient dans des zones qui sont devenues « la vallée des cœurs perdus » appelée également « les limbes ».
La dignité de servir la Mère est devenue une source de conflits lorsque d’autres êtres sont venus poser leurs désirs et leurs bagages. Pourtant notre planète ne s’est pas refermée sur elle-même.
Gaïa a conçu un vestiaire pour que les visiteurs puissent y déposer leur histoire sur de fines plaques de silice.
A chaque nouveau passage (nouvelle naissance) l’histoire de chaque visiteur grandit et de nouvelles plaques de silice s’ajoutent, formant un cristal, carte d’identité solaire et cristalline.
De nouvelles familles d’âmes se sont implantées sur la planète, ajoutant de nombreuses couleurs dans les formes cristallines.
Les endroits que je visitais étaient soigneusement préparés, occultant par des paravents neutres les fréquences trop hautes qui m’auraient désaxés par leur puissance. Cette délicate attention me remplissait d’émerveillement, le parcours était conçu pour activer mes sens graduellement, sans forcer. Parfois il me fallait faire une collation de nectar et prendre une pause, pour conserver une conscience claire. De cette ballade assez longue et tranquille, je retiens la variété des espèces de fleurs, la végétation luxuriante, les arbustes soigneusement plantés selon la forme de leur feuillage, créant des bouquets visuels et tendres.
Gaïa, vue avec le cœur, est tellement belle et maternelle.
Mes guides : une femme longue et fine et un homme issu de leur conseil des Sages, bien que très jeune accompagnés de groupes d’enfants et d’adolescents curieux, semblaient heureux par avance, leurs yeux rieurs cherchaient les miens et touchaient mon cœur. Leurs individualités se reliaient à une même source par un fil de lumière dorée ; cette source ils la présentaient comme la tête/cœur/conscience de Gaïa.
Pour eux, Gaïa est le corps de leur conscience de groupe : ils sont le microcosme à l’intérieur du macrocosme et ce modèle se répète à chaque niveau de conscience jusqu’au cœur du cosmos.
J’étais nourrie, reconnue et transportée par leur gaîté contagieuse, cette légèreté du cœur et cet empressement simple dans leur travail. C’était fluide ! Et je me sentais victorieuse et fière des efforts de ceux de la surface, de plus en plus nombreux à visiter les espaces intérieurs de Gaïa. Cette réunion régulée était décidément un bonheur partagé.
Soudain, ils se sont regardés d’un œil complice ; d’un coup je me suis durcie, j’avais peur d’un mauvais tour. Ils m’ont rassurés encore et encore, m’ont amené du thé, puis du nectar, et un pétale de fleur à mâcher ; je ne suis plus habituée à me relâcher.
Puis nous sommes arrivés devant un gros rocher de cristal bleuté, l’homme a sorti de son cœur une clé qui est entrée en résonance avec le rocher qui s’est éclairé et a ouvert ses portes. La vibration émise par le bloc de cristal créait un son grave et carillonnant, ainsi le Conseil savait. Et un cercle d’énergie repoussait automatiquement ceux qui ne vibraient pas en accord avec la fréquence, c’était un sas de protection invisible et efficace.
Mes guides m’invitaient à entrer, j’étais émue par ce retour d’énergie qui réveillait des sentiments que j’avais mis en retrait. Le moment devenait Sacré. Nous entrions progressivement dans une vibration de très haut niveau, et un des deux guides a dû s’éclipser.
Le rocher paraissait petit de l’extérieur, mais sa structure s’élargissait selon nos besoins.
La couleur blanche dorée des murs était remplacée par une nuance mauve irisée de diamants.
Des rangées de casiers s’alignaient par ordre de taille : petits, moyens, grands, visuellement cela formaient des bandes circulaires dans le rocher tout autour de nous. Lorsque les vibrations se sont stabilisées, mon casier s’est ouvert, et le Grand guide a posé mon cristal
dans mon cœur.
J’y ai puisé mon histoire toute entière et y ai déposé mes dernières découvertes sur une bande de silice très fine et ciselée, fondue au cristal par la force de l’Esprit du Feu Cosmique.
Ce cristal, pierre d’angle de nos voyages, support de notre identité solaire cristalline, clé pour actionner le véhicule de lumière est précieusement gardée et mise à jour au fur et à mesure du parcours. Sur mon cristal il y avait mes victoires, le nom de mes Ancêtres, mes parcours et les noms que j’ai gagné. On y voyait aussi les destinées potentielles, les challenges sur plusieurs dimensions. Mon guide et le Conseil me renvoyaient une image oubliée : ils étaient impressionnés et retrouvaient un pétillement d’enthousiasme, une reliance à leur Foi.
Je n’osais rien en penser. J’avais déjà vu cet enthousiasme tant de fois et je savais ce que cela m’avait coûté. Oui, je suis bien ce que vous voyez…et oui, je le peux….si vous m’aidez.
Telle était ma réponse à toutes leurs questions : je les laissais s’abreuver de ma vie, ils en retrouvaient leur objectif, un lien renouvelé avec le Sans Nom. Lila/sananja/6P1C