D’Où Viens-tu ?
La Vie vue à travers les éléments symboliques qui composent son rythme.
Avant toi, soufflait le désir de vivre et d’aimer dans les corps de tes parents, un feu ardent.
Du corps de ta mère, un minuscule ballon rempli d’un formidable potentiel est sorti d’une nébuleuse de chair.
Du corps de ton père, à toute vitesse se sont élancés des petits serpents ailés : combatifs, prêts à toutes les aventures, avides d’atteindre la limite d’eux-mêmes ; fils de la Mer.
Flottant dans les conduits du corps, l’ovule vide cherche un partenaire de jeu.
Et bientôt tête la première, voici que quelqu’un de minuscule le bouscule.
L’un en perd sa queue, l’autre se met à rouler de plus belle sur la pente douce jusqu’à l’abîme tentaculaire où s’étirent quelques fils de tissus muqueux.
Artiste funambule, l’ovule s’accroche à l’un d’entre eux.
Il se love et multiplie ce qui lui semble être de nouvelles formes en lui : de un, il passe à deux, puis tout explose en exponentiel : combien de clones sommes-nous en si peu de temps ?
La jeune matrice déjà se spécialise : les cellules se complexifient et chacune fait son travail jusqu’à ce qu’une autre vienne prendre sa place.
Le temps s’accélère : le corps vibre de tant d’ardeur, multipliez, multipliez-vous, chères cellules jusqu’à devenir la base d’un autre soi plus grand.
La première phase est prête : de l’eau tu sors, pour naître à la Terre.
Ce corps-là prend du poids, et grossis et change si vite que les vêtements en sont trop petits ! Oh, la belle frimousse, oh quelles sont belles tes dents ! Et déjà il sait marcher ? Disent les mamies étonnées ! Oh, comme c’est charmant, il mange à la cuillère, et puis bientôt il courre vers l’école qui le happe comme un vent d'hiver.
La course continue : il faut changer de pointure et la longueur des pantalons, les membres ont décidés de s’élancer vers le Ciel à la conquête de l’air pour respirer, s’étirer ou combattre ; les membres de ce corps ne cessent de s’agiter qu’au moment béni où il semble mort…non, ils se sont justes endormis, alors chut !, ne faites plus de bruit …
Enfin, vient l’heure du repos, où le corps allongé de l’ado commence à s’étoffer pour grossir de nouveau !
Encore une phase de croissance ? Mais ça finira quand !?
Cette croissance-là se fait de l’intérieur, c’est un adoucissement, une profondeur qui ne s’explique vers l’extérieur que par les gestes tendres et la douceur.
Evidemment, il n’y a pas que ça…mais c’est surtout cette phase-là que l’on voit.
Car avec le temps les sens baissent d’un ton mais le cœur s’ouvre à d’autres rythmes.
Bientôt ce corps se tord, il se penche et se durcit tel un vieil arbre qui a donné tous ses fruits, il se recroqueville, éblouit par un soleil trop ardent.
Il ne s’élance plus comme avant, il s’éparpille, s’amaigrit, s’affaisse jusqu’à n’être qu’un petit tas de terre et d’os.
Ne sois
pas triste, mon ami, tu m’a porté et nourrie jusqu’à ton dernier souffle ; maintenant, c’est à mon tour de déployer mes ailes,
Est venu le temps de naître à l’éther où je m’envole vers l’infini, je garderai un souvenir attendri de toi partenaire, petit bout de cette Terre Aimée, Gaia, planète aux eaux claires. Lila