L'équilibre du monde
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Ces dernières semaines n’ont pas manqué d’ébranler les plus sceptiques et d’attrister tous ceux qui sont sensibles à la misère et aux douleurs des autres.
Le Népal est un symbole de ressourcement et de sérénité pour nous, occidentaux. Nous n’en voyons que l’aspect éternel et positif, transmis par la culture chamaniste et bouddhiste. Il semble que le Ciel ou la Terre soient devenus fous pour toucher avec tant d’âpreté ces gens qui ne font de mal à personne, respectent leurs anciennes croyances bien mieux que les autres peuples et aident par leur exemple pugnace des milliers de touristes à relativiser leurs stress et à se recentrer sur l’Essentiel.
Comment expliquer qu’un peuple qui vit sous le signe de l’Harmonie se retrouve si soudainement sous le joug du chaos ? La réponse est cynique : par la fin des cycles et le retournement des polarités. La roue tourne, et les gens tranquilles pas moins que les autres sont conviés au Grand Retournement, à la mise en Vérité. Qu’est-ce donc ? Une forme de pesée de l’âme, qui a lieu pour les territoires, pour les peuples, et pour chacun des individus. Cela est douloureux et inéluctable.
Les plus sceptiques expliqueront pour se protéger des idées mystiques que les mouvements de planète existent depuis toujours, qu’ils touchent régulièrement les terrains montagneux et les zones de failles intercontinentales, qu’une secousse met du temps à traverser les différentes couches géologiques selon leur densité et qu’un tremblement de terre au Népal, se propagera ensuite sous une autre forme à l’autre bout de la planète, en suivant les lignes de faille et le mouvement naturel des plaques tectoniques : c’est vrai également. Le mouvement naturel et scientifiquement expliqué n’empêche pas l’autre mouvement cyclique et spirituellement explicable. Le mouvement naturel des éléments est utilisé dans le cadre des cycles interstellaires et spirituels. Nous avons pris l’habitude de cloisonner nos mondes et nos domaines de vie pour nous faciliter la tâche d’apprendre et de répertorier, cela ne signifie pas que l’on puisse échapper au Destin collectif ni aux systèmes établis par plus grand que soi.
Que l’on croit en un Dieu ou en autre chose est un détail, ce qui compte est la manière dont nous rendons grâce à la Vie, notre manière de nous adapter aux circonstances et d’y répondre en mettant en pratique nos valeurs réelles. Si notre vie n’était qu’un long fleuve tranquille et sans remous, personne n’y apprendrait sur soi-même, personne ne pourrait tester ses limites. Là où se trouve le véritable sens de ces catastrophes est : qu’en ferons-nous ? A l’heure de la mondialisation et des réglementations morales en tout genre : que ferons-nous pour aider à soulager ces peuples ? Certes, il faut acheminer l’aide internationale et collaborer aux premières réorganisations, mais nous voyons combien il est difficile pour certaines cultures d’accepter les façons de faire des autres peuples, même s’il s’agit d’une « bonne cause ». Tout le monde ne partage pas notre vision de la compassion, tout le monde ne comprend pas la nécessité d’aider sur place pour éviter les déplacements massifs de populations.
Ailleurs, les drames du manque d’espoir entraînent tant de personnes à risquer la mort plutôt que de survivre dans la misère. Est-ce mieux de mourir enseveli chez soi ou bien de tenter d’exister ailleurs ? Les questions que pose les situations actuelles sont éternelles et démontrent que malgré toutes les techniques et les tentatives de relativiser, d’éloigner, de cacher la mort ou de la rendre « acceptable » pour ceux qui restent, il y a la vraie question : que faire de sa vie pour qu’elle prenne sens ? Que faire pour se sentir vraiment vivant ? On peut se lancer à corps perdu sur des barques qui seront coulées ou voyager à l’autre bout de la terre pour s’y ressourcer et se sentir utile…on peut créer, enseigner, cultiver son propre espace. On peut faire des milliers de choses ou ne rien faire du tout et vivoter tel un gros légume. Ce qui compte, n’est pas tant ce que l’on fait mais pour Qui on le fait, l’état d’esprit dans lequel on se place.
Partout on constate que ce qui est durable chez l’être humain c'est la peur de mourir ; qu’il fuit en s’agitant en tous sens ou en se couvrant la tête.
Affronter ses peurs consiste à entreprendre quelque chose avec conscience et fermeté. Peut-être est-on triste, peut-être se sentira-t-on dépassé par l’amplitude de la tâche : c’est le premier pas qui coûte, car il met en marche une intention, une action qui ne doit pas s’arrêter à soi mais continuer pour donner du sens à ceux qui sont autour de soi. C’est l’exemple de bien des peuples pauvres ou affaiblis par le monde moderne, qui sont restés aussi dignes que possible dans l’inhumanité des circonstances et les opportunismes de toutes les sortes et qui essayent de construire ou développer leurs territoires. Les mondes délaissés créent autant de beauté qu'ailleurs par la grâce de quelques âmes qui sortent des douleurs sous une forme anoblie, lavés de leurs peurs, embellis par la compréhension que la seule chose importante dans la vie c’est l’effort de vivre pleinement, quoi qu’il en coûte, où que l'on soit. Ceux qui acceptent de vivre sans craintes, existent avec légèreté et pureté.
Il n’y aucune leçon dans mes propos, aucune tentative de prendre à mon compte la douleur vécue par d’autres mais une compréhension pleine et entière du mot Compassion car le chemin qui mène à la vie - qu'elle soit vécue sur terre où ailleurs- est une leçon de persévérance, d'amour et de courage. Lila